Le bois-énergie, un chauffage durable et respectueux de la qualité de l’air

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Le bois énergie, un chauffage durable et respectueux de la qualité de l’air

Dans un contexte où la qualité de l’air est au centre des préoccupations environnementales, le bois-énergie est souvent accusé d’être une source de pollution. Pourtant, cette perception ne reflète pas la réalité des avancées techniques et des efforts constants de la filière pour réduire son impact. En s’appuyant sur des données récentes et des études approfondies, il est essentiel de rétablir les faits et de montrer comment le bois-énergie, en particulier sous sa forme moderne du granulé de bois, contribue à un mix énergétique durable tout en répondant aux enjeux environnementaux et sanitaires.

Des progrès majeurs depuis 1990

La qualité de l’air fait l’objet d’une attention toute particulière de la filière du chauffage au bois. En effet, depuis les années 1990, les émissions de particules fines liées au bois-énergie domestique ont été divisées par presque 3.

Ces progrès s’expliquent par des améliorations significatives du côté des :

  • Appareils de chauffage, plus performants et mieux conçus.
  • Combustibles, comme les granulés, qui garantissent une combustion propre.
  • Installations, réalisées dans le respect des bonnes pratiques.

Dans le même temps, le nombre de foyers chauffés au bois a augmenté de 25 % pour atteindre 7,5 millions aujourd’hui. Et la filière ambitionne une croissance de près d’un tiers du nombre de foyers chauffés au bois d’ici 2035 pour atteindre plus de 10 millions. Ces progrès sont notamment dus à l’adoption massive de solutions modernes et écologiques comme les poêles et chaudières à granulés.

Des appareils modernes et contrôlés

Depuis 2022, la réglementation européenne EcoDesign impose des exigences strictes en matière de rendement et d’émissions de particules pour les appareils de chauffage au bois. Mais dès 2008, avec l’aide de l’ADEME, la filière du chauffage domestique au bois avait développé le label Flamme Verte encourageant des efforts réguliers en matière de performances des appareils. Les seuils d’émissions de PM demandés par Flamme Verte se sont réduits d’année en année pour atteindre des niveaux extrêmement bas, comme le montre le tableau ci-dessous.

Ces exigences issues d’analyses en laboratoire des différents appareils du marché ont été confirmées dans la vie réelle avec l’étude de l’ADEME PerfPAG (Performances des poêles à granulé en situation réelle).

D’après Ingwald Obernberger, scientifique de référence mondiale en matière d’émissions de particules des appareils de chauffage au bois et professeur à l’université de Graz en Autriche :

« Les meilleures technologies de chaudières et poêles à granulés actuellement disponibles peuvent atteindre des émissions pratiquement nulles sans avoir besoin de mesures secondaires de réduction des émissions (filtres). »

Vers un chauffage encore plus propre et durable

Pour continuer à réduire l’impact environnemental du bois-énergie, la priorité est de remplacer les appareils les moins performants, notamment ceux installés avant 2005. Selon l’ADEME, environ 3 millions d’appareils anciens sont encore en fonctionnement, dont 800 000 foyers ouverts, qui sont parmi les plus émetteurs.

Les perspectives à horizon 2035 :

  • Augmenter le nombre de foyers chauffés au bois à 10 millions tout en réduisant la consommation globale de bois de 15 %, grâce à des appareils, des combustibles plus efficaces et des logements mieux isolés.
  • Diviser à nouveau les émissions de particules par deux.

Ces efforts s’inscrivent dans une dynamique globale de transition énergétique, où le bois-énergie joue un rôle clé comme ressource renouvelable et locale.

Pour maintenir ces progrès, le bois-énergie doit être soutenu et reconnu comme un pilier du mix énergétique français. Grâce à son faible impact carbone, son efficacité croissante, et son rôle dans la transition énergétique, il reste une solution d’avenir pour un chauffage durable et respectueux de l’environnement.

Pour aller plus loin :

Il y a deux moyens d’évaluer la qualité de l’air : mesurer les émissions de particules et mesurer la concentration en particules fines de l’air que nous respirons.

Les émissions

Ce sont les particules émises par un appareil. Il y a deux catégories :

  • Les solides qui sortent directement du conduit de fumée
  • Les gazeuses qui vont se transformer en particules solides dans l’atmosphère sous l’effet de phénomènes thermo-chimiques (température, oxydation, …) qu’on appelle les condensables.

Jusqu’à 2021, la réglementation européenne ne prenait pas en compte les particules condensables et les scientifiques estimaient que la part des émissions de particules liée à la combustion du bois était de 43%. Avec la prise en compte des condensables, cette part est montée à 64%. C’est pourquoi nous avons assisté à une multiplication des articles incendiaires sur la responsabilité du bois dans la pollution de l’air, voire le décès prématuré de nos concitoyens.

Mais car il y a un mais, non seulement cette valeur de 63% est issue de calculs et d’extrapolations théoriques (via les facteurs d’émissions) et donc n’est pas le reflet certain de la réalité, mais ce que nous respirons tous ne sont pas des émissions, c’est plutôt l’air dans lequel se trouve des particules fines et, dans ce cas, ce sont les concentrations en particules fines dans l’air qui sont importantes. Et là, leur évaluation repose sur des mesures de la réalité à l’endroit précis de cette mesure.

Les concentrations

Lorsque les particules sont émises par les appareils, elles sont déplacées du fait des phénomènes météorologiques et de la géographie des lieux. Une nouvelle répartition de ces particules dans l’air apparait et celle-ci est mesurée sous forme de concentrations de particules par les stations de suivi de la qualité de l’air réparties sur l’ensemble du territoire.

Deux études menées cette année par le laboratoire CERIC (janvier 2024) puis, en mai dernier, par le Syndicat des Energies Renouvelables (SER) ont montré que la part en moyenne annuelle du chauffage au bois dans l’ensemble des concentrations mesurées est respectivement de 22,4% et 15,3%.

Intéressant aussi, l’étude du CERIC conclue que le nombre d’appareils présents sur un territoire a peu d’importance sur les concentrations.

Ces valeurs ont été confirmées en octobre 2024 par le Laboratoire Centrale de Surveillance de la Qualité de l’Air (LCSQA) puisque celui-ci estime que le secteur résidentiel-tertiaire représente 22% de ces concentrations (chauffage domestique, tertiaire).

Le chauffage au bois domestique est donc bien loin d’être le contributeur majeur de la pollution de l’air.

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